Crédit : Jean-Luc Beaujault
Combien de temps vit un sac plastique ? Entre la mélasse du pétrole et son utilisation, combien de temps ?
Rien, comparé au temps où il va errer sur la planète au gré des vents et des tourbillons.
Libérer ses mains, se tenir debout ou à l’envers, être l’objet de tous les mouvements.
Juste un bruit et la caresse de l’air.
Le dispositif de cette performance est celui d’une turbine simple permettant de créer un vortex. Les objets façonnés à partir de sacs plastiques évoluent dans l’espace réagissant au mouvement de
l’air contrôlé par la·le protagoniste.
Là commence sa vraie vie, celle de son autonomie, poche anonyme parmi les poches du monde entier, en route pour une éternité imputrescible !
Et surtout pourvu qu’il y ait du vent pour franchir les obstacles, pour franchir les océans et les montagnes et faire d’autres rencontres, et se frotter à de nouvelles vies.
Et si nous aussi, humain·es, accroché·es au sol, nous pouvions nous échapper de la gravitation pour enfin flirter avec le libre arbitre des vents, et nous laisser transporter dans les valses de
l’air ?
Et si en toute insouciance, nous nourrissions notre soif de défricher des territoires inconnus, de mener des combats incertains pour faire de chacun de nos membres une partie de nous, autonome et
incontrôlée.
Cette performance est née d’une commande de Muséum d’Histoire Naturelle de Nantes, dans le cadre de la Fête des Sciences, dont le thème en 2008 était « le mouvement ». La contrainte était de
présenter cette forme dans l’enceinte du Musée, qui n’a pas pour vocation première d’accueillir des spectacles vivants.
Au fil du temps passé seule la nuit dans le Musée, Phia Ménard s’est intéressée rapidement à la Galerie de l’évolution. Le silence et l’immobilité de tous ces animaux sauvages réunis dans un même
lieu l’ont frappée. Prenant conscience de l’impossibilité d’une telle situation dans le réel, être en présence de tous ces animaux vivants, elle décide de travailler sur une réflexion de l’être
humain créateur, mais aussi destructeur.
Dans le cadre de son projet artistique « I.C.E. » pour Injonglabilité Complémentaire des Eléments, elle a alors entamé une recherche sur l’air et le vent et l’idée est venue de faire bouger le
pelage de ces animaux avec de l’air propulsé par des ventilateurs, comme pour leur redonner vie.
Le lien s’est ainsi tissé avec un objet de la vie courante, un objet dépourvu d’humanité, qui produit une pollution extrême s’il n’est pas recyclé : un sac plastique. La construction d’un
personnage attachant et gracieux à partir du façonnage d’un simple sac plastique, pose l’intervention de l’humain, car c’est lui qui fabrique la marionnette, c’est aussi lui qui lui reprend la
vie.
L’objet est manipulé par l’air, danse et tourbillonne sur la musique de Claude Debussy, référence incontournable à l’œuvre du compositeur intitulée « L’après-midi d’un faune » elle-même inspirée
du poème de Mallarmé portant le même titre.
Ici, le « foehn » comme référence au vent transalpin, dont les effets, selon certaines études scientifiques menées à l’Université de München (Allemagne), peuvent conduire à un surcroît de
meurtres et suicides.
Durée : 25 minutes
Âge : tout public à partir de 5 ans