nocturne (parade)

Création le 18 juillet 2025 à Anvers - Zomer Van Antwerpen

Pièce du Vent

Crédit : Sigrid Spinnox

Présentation

Nocturne (Parade)


J’ai écrit « Nocturne (Parade) » en accompagnant mon père jusqu’à son dernier souffle.
Protéger la création de cette épreuve, l’en tenir éloignée, était illusoire. En ce sens j’ai composé ici un hommage à un être aimé disparu, à un penseur. Mon père était un homme pacifiste, profondément brisé après l’épreuve de la guerre d’Algérie où on l’avait envoyé de force comme tous les conscrits. Son père et lui avaient ce point commun d’avoir survécu à une guerre ; malheureusement, pas son grand père, mort sur un champ de bataille de la Première Guerre Mondiale.
Une photo retrouvée montre mon père enfant, culotte courte, un jouet dans les mains, figé dans ce qui semble un cri. Il me rappelle le petit Oskar, l’enfant du film « Le Tambour » de Volker Schlöndorff. Lui et Oskar refusant de grandir dans un monde dérivant inexorablement vers la terreur, peuplent souvent certaines de mes nuits de sommeil agité. Dans les derniers instants avec lui, l’effroi de sa proche fin m’a rapprochée du poème Erlkönig de Johann Wolfgang Von Goethe. Face à sa peur de l’inconnu et dans la souffrance, je suis devenu le père de mon père. J’ai tenté de le rassurer alors qu’il était poursuivi par le « Roi des Aulnes ». Mains mêlées, jusqu’à ce que son corps abandonne la lutte. La mort d’un père rend ses enfants inconsolables. Celle d’un pacifiste est une immense perte pour tous. Face à la violence, le poète use de la prose, c’étaient les armes de mon père.
Qui ne pense aujourd’hui aux enfants des décombres de Palestine, d’Ukraine ou du Soudan, transformant en cerceau une voiture imaginaire pour s’extraire des ruines. Ils et elles ne jouent pas à la guerre ! Ce sont les dominants qui y jouent avec une perversion toujours plus inacceptable. Le petit Oskar crie dans le suraigu, brise les verres, les enfants de la misère crient pour nous extraire de l’indifférence. Je crie contre l’insupportable violence néolibérale qui nous mène aujourd’hui au retour des fascismes en Europe, aux Etats Unis d’Amérique. Aura-t-elle raison de l’Humanité
J’ai créé « Nocturne (Parade) » imprégnée de l’épreuve du deuil, détruite mais heureuse d’imaginer un envol joyeux, une chevauchée vers la paix. Le vent et la musique tiennent ensemble le rôle du souffle vital. Les marionnettes anthropomorphes, enveloppes faites de plastiques, sont domptables malgré leur imprévisibilité.
Sur scène la Vie et la Mort sont là, incarnées. L’une et l’autre, indissociables adversaires en perpétuel mouvement s’affichent autant dans les victimes que les bourreaux, dans les esclaves autant que les maîtres, les pères, les enfants, les chevaux, ou une armada de squelettes et de drapeaux. Le poème est devenu un puzzle, une suite de chemin fait d’allers retours vers la grâce autant que le désordre. Un manège où la nuit est propice pour développer de nouveaux sens.
La parade advient par un souffle d’air qui traverse l’espace, celui qui permet de garder un lien invisible. De la Danse Macabre de Camille Saint Saëns à l’Ouverture de Guillaume Tell de Gioachino Rossini en passant par l’aria « Der Hölle Rache », (la Reine de la nuit), « massacré » par Florence Foster Jenkins, la mort est la star qui vrille, couverte d’un manteau d’insultes et de bombes jusqu’à l’effrayante apocalypse.
Peut-être que la paix est une lumière, peut-être qu’elle n’existe pas, peut-être qu’elle est un souvenir d’enfant.

Phia Ménard,
Le 24 septembre 2025.

Générique

Phia Ménard Idée originale, création, chorégraphie
Cécile Briand Collaboration artistique
Phia Ménard ou Cécile Briand en alternance, et Fabrice Ilia Leroy Interprètes
Phia Ménard, Fabrice Ilia Leroy, Clarisse Delile Création des marionnettes, objets et manipulation en scène
Jonathan Drillet Dramaturgie
Ivan Roussel Création musicale
Éric Soyer Création lumière
Clarisse Delile Régie du vent
Ivan Roussel ou Manuel Menes en alternance Régie son
Aurore Baudouin ou Miackaël Cousin en alternance Régie lumière
Claire Massonnet Co-directrice, administratrice et chargée de diffusion
Olivier Gicquiaud Régie générale
Amélia Dantony Stagiaire artistique

Mentions

Production Compagnie Non Nova - Phia Ménard

Coproduction La Comédie de Clermont-Ferrand scène nationale / La Maison de la Danse, Lyon - Pôle Européen de Création / TnBA - Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine / La Comédie, Centre Dramatique National de Saint-Étienne / Scène nationale de l'Essonne / Le Volcan, Scène Nationale du Havre / Théâtre National de Bretagne, Centre Dramatique National (Rennes) / Mixt, terrain d'arts en Loire-Atlantique / Le Théâtre, scène nationale de Saint Nazaire / Les Quinconces & l'Espal/ Scène Nationale du Mans / MC93 - Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis à Bobigny.


Durée : 1h environ

Âge : Spectacle tout public à partir de 8 ans


Suivez-nous :

 

La Compagnie Non Nova - Phia Ménard est conventionnée et soutenue par l'État - Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) des Pays de la Loire, la Ville de Nantes et le Conseil Départemental de Loire-Atlantique. Elle reçoit le soutien de la Fondation de France pour les années 2025, 2026 et 2027 et de l'Institut Français dans le cadre de certaines tournées à l'étranger.

 

La Compagnie Non Nova – Phia Ménard est artiste associée au TNB, Centre Européen Théâtral et Chorégraphique de Rennes, à la Maison de la danse et à la Biennale de la danse de Lyon, à la scène nationale de l’Essonne

 

Compagnie Non Nova - Phia Ménard |  5 rue de Bruxelles - CS 33744 | 44337 Nantes Cedex 3 - France

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