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I.C.E.

Processus de la Cie Non Nova
I.C.E.

PROCESSUS DE LA COMPAGNIE NON NOVA

 

I.C.E. POUR « INJONGLABILITÉ COMPLÉMENTAIRE DES ÉLÉMENTS »

Je n’ai pas choisi de naître ! J’ai fait le choix de continuer à vivre. J’essaie d’être sincère pour autant que je le puisse. J’ai prouvé l’incompatibilité entre mon sexe biologique et mon identité. Je suis une femme en devenir que l’on a éduquée pour devenir un homme. Je tente le plus possible de questionner mes certitudes sur ce que l’on nomme « être humain » et si possible d’en témoigner au travers de l’art. Je vis dans un monde qu’il me faut rendre chaque jour plus humain pour avoir envie de le fréquenter…

Mon point de départ de réflexion fut la chance de naître avec la sensation d’être étrangère à un corps. Je sais que cela peu paraître « anormal » pour certain·es, lorsque ce n’est que singulier.

C’est de cette situation que s’est nouée mon envie de m’extraire de la réalité. Le premier chemin utopique fut donc celui d’échapper à la réalité d’un corps. Se réapproprier ce dont on ne peut se défaire est le paradoxe de cette situation qui m’a amenée à questionner les failles et trouver les transformations, fussent-elles minuscules.

La rencontre avec la jonglerie fut déterminante pour moi par la possibilité qu’offre cet art de l’escamotage et la vélocité. Pour l’abstraction au monde, jongler est la drogue parfaite, j’en fus accro… Le pouvoir d’attraction d’une telle pratique m’a permis de cheminer vers la question scénique avec la rencontre de Jérôme Thomas et d’Hervé Diasnas. Le corps, l’espace, le rythme, l’écriture, l’analyse et la maîtrise du geste, la mémoire, la musicalité, la dramaturgie, toutes ces notions indispensables m’ont été transmises par ces deux maîtres. Grâce à eux je me suis confrontée à l’apprentissage d’une vie où les frontières physiques et temporelles n’appartiennent qu’aux artistes. De cette décennie d’enseignement sur les routes du globe je me suis imprégnée du désir d’écrire ce que je voyais de l’être humain en prise avec le chaos.

Ecrire m’est devenu nécessaire. J’ai fondé une compagnie : Non Nova. Je persiste à dire ce que ces mots suggèrent : « Rien de nouveau », mais juste une volonté d’amener un regard différent sur la forme pour interroger le rapport entre art et public.

Sommes-nous du cirque, de la danse, du théâtre gestuel ?

Encore une fois, c’est une question d’identité, celle de savoir si nous avons besoin d’appartenir à ce qui est répertorié pour exister. Juste une histoire de communication.

J’ai fait le choix d’être en relation avec l’art d’une façon vitale, cela implique donc que les limites de mes actes ne sont définies que par les limites vitales du corps. Lorsque je suis sur scène, je prête mon corps aux spectateurs et spectatrices pour essayer de lui faire vivre une expérience qu’il ne ferait pas de lui-même. J’aimerais que le spectateur ou la spectatrice vienne voir nos formes par l’envie d’être troublé·e.

C’est dans ce champ d’investigation artistique, que je m’évertue à rendre nécessaire ma relation au public, afin d’évacuer toutes formes de complaisance et de didactisme avec lui. J’essaie de faire de chaque rendez-vous non une démonstration artistique mais une rencontre singulière avec nos sensations d’être au monde.

Je ne sais pas combien de pièces font partie du puzzle de mon imaginaire. Je vois celles qui me sont nécessaires en me demandant si elles doivent être partagées.

Phia Ménard

 

I.C.E. est un processus artistique non exclusif. La base fondamentale est de tenter d’amener à ressentir et vivre un imaginaire en interrogeant les notions générales de transformations, d’érosions, d’équilibres vitaux, qu’elles soient corporelles ou mentales au travers d’un répertoire de formes, performances, installations, films, écrits.

Afin de développer cette relation et d’extraire les spectateurs et spectatrices de la contemplation, ma recherche artistique s’articule autour du lien commun à l’être humain que sont les composantes de la vie tels que sont l’eau, l’air, la lumière…etc.

En nommant « Injonglabilité », se pose comme concept le développement « Complémentaire » à notre imaginaire de l’utopie de l’homme tentant de dompter ces « Eléments » naturels.

Dans une société où le virtuel tend à s’imposer dans l’imaginaire, la performance physique avec des matériaux naturels communs à tous et à toutes, de surcroît indomptables est un moyen d’interpeller nos sens.

L’expérimentation empirique est notre modus operandi afin d’évacuer une sophistication inaccessible d’un point de vue technique, financier et surtout humain.

Le rapport à la science est essentiel dans le questionnement mais il est limité à l’apprentissage et la compréhension des phénomènes pour éviter qu’il ne devienne une mise en application d’un savoir ou sa vulgarisation.

Ces Pièces de Glace, Pièces du Vent, Pièces de l’Eau et de la Vapeur,… sont des chemins d’explorations structurées, avec une dramaturgie et autour d’une narration non didactique, avec le désir d’exprimer l’intime et le commun de nos transformations.

Les comparaisons entre la transformation des éléments vitaux avec celles de nos corps, de nos gestes, nos pensées, sont les références pour générer un imaginaire sans frontières. Chaque forme se doit d’avoir un impact sur le spectateur et la spectatrice : au delà de son intellect, c’est dans sa chair, son derme, sa fondation que ces formes doivent interpeller. Comment en voyant un corps allongé sur un tapis de glace, ne pas y projeter son propre corps ? Comment dans le labeur de « Black Monodie » ne pas y projeter le sien?

L’ensemble du projet I.C.E. est une épopée pour un théâtre à vivre autant qu’à voir.

Phia Menard ©Patrick Garcon 2 scaled

PROJETS RÉALISÉS À CE JOUR

 

LES PIÈCES DE GLACE

 

« P.P.P. », pièce pour une interprète dans un milieu hostile.

Cette première pièce du cycle des glaces est une aventure humaine et technique qui se poursuit depuis 2008. Conditionner les salles de spectacle et leur équipe au rythme imposé par la technique de congélation, refroidir les lieux, gérer les dangers imputables à cette pratique. Façonner des jours durant dans le froid des centaines de boules de glaces pour chaque représentation. Travailler au chronomètre et au thermomètre pour maîtriser la chute des glaces, autant de données qui furent formatrices pour l’équipe de Non Nova dans la relation avec un élément vivant. Cette création avec de la glace a permis de familiariser l’équipe et le public avec de nombreux phénomènes. Faute de temps et de rapport avec le sujet, ces « trouvailles » n’ont pas été exploitées dans « P.P.P. ». Mais elles ont amené à envisager qu’une autre démarche devrait se poursuivre au delà du spectacle, comme par exemple l’étude des vêtements congelés qui de la simple action de leur dégel, proposaient une histoire très spectaculaire autour du thème du vieillissement.

Un point de départ pour cette recherche fut le parallèle entre la transformation d’une glace brute, opaque, vers la fonte, sa transparence et la transformation d’un corps d’homme à celui d’une femme. Expression de l’attraction et de la répulsion, de la transsexualité et son parallèle avec notre approche de la glace.

© Jean-Luc Beaujault - P.P.P.
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« Iceman », projet co-réalisé avec le Collectif La Valise, pour leur film « Coyotte Pizza ».

Cette performance pour une interprète habillée en tenue de samouraï avec une armure entièrement réalisée en glace translucide pendant un concours hippique, sur l’hippodrome de Nantes en novembre 2008. Ecrite autour d’une déambulation linaire calée sur les horaires précis des courses hippiques. Ce sont les correspondances entre la performance et les réactions du public assistant aux courses et la disparition progressive de l’armure devenant fantomatique, qui créent l’imaginaire par le contraste des enjeux. Les spectateurs et spectatrices crient pour soutenir les chevaux et leurs paris tandis que l’image montre la disparition inexorable du samouraï de glace sous le soleil…

 

« Sacrifice », performance pour un acteur, 100 kg de glace pailletée, une pelle, une raclette, un seau et quelques micros).

Cette performance réalisée au cours des recherches de « P.P.P. » dure entre 25 min et 40 min suivant la température des lieux. D’un souvenir d’enfance, celui de fabriquer un château de sable que la mer remontant grignote à chaque vague. Cette forme part du même jeu, construire avec de la glace pailletée, un château de glace en luttant contre sa fonte inexorable. L’eau naissante devient les vagues qui désagrègent les remparts, emportant les écailles qui produisent le son de l’eau sur des galets jusqu’à devenir une flaque que l’acteur essaie de contenir sans fin.

iceman
Collectif La Valise - Iceman

« Black Monodie », commande de la SACD et du Festival d’Avignon pour le Sujet à Vif.

Ecriture de Phia Ménard et Anne James Chaton, autour du thème du labeur au travers de la biographie de trois femmes célèbres et du mythe de Sisyphe. Cette performance créée in situ pour le jardin de La Vierge évoque le mythe et appelle à l’évocation de la Madone.

Fut-elle d’abord une femme avant de devenir une icône éternelle ! Elle est le premier (top) modèle féminin de la bonne conduite, dans un monde que les hommes conduisent !

Deux mille ans déjà que ce mythe est là, et pourtant « elles » cherchent toujours leurs places. Comment croire encore que seul Sisyphe pousse son rocher vers les sommets : « Cet univers désormais sans maître ne lui paraît ni stérile, ni fertile. Chacun des grains de cette pierre, chaque éclat minéral de cette montagne pleine de nuit, à lui seul, forme un monde. La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d’homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux. » (Albert Camus dans « le mythe de Sisyphe »)

Et si le chemin pour devenir « Elle » était ce même combat en soi, et qu’il valait la peine, fut-il perdu dans l’instant ? En réponse à la promesse mensongère : « quand tu seras grande, tu seras une princesse ! », nous faut-il cheminer dans le déluge et nous battre sans fin pour accéder au devenir , ou alors attendre toute une vie la venue du bonheur ?

© Jean-Luc Beaujault - Black Monodie - Festival d'Avignon 2010
1 Black Monodie Cie Non Nova Credit Jean Luc Beaujault

LES PIÈCES DU VENT

 

« L’après-midi d’un foehn, Version 1 », cette performance est née d’une commande de Muséum d’Histoire Naturelle de Nantes, dans le cadre de la Fête des Sciences, dont le thème en 2008 était « le mouvement ». La contrainte était de présenter cette forme dans l’enceinte du Musée, qui n’a pas pour vocation première d’accueillir des spectacles vivants. 

Au fil du temps passé, seule la nuit dans le Musée, Phia Menard s’est intéressée rapidement à la Galerie de l’évolution. Le silence et l’immobilité de tous ces animaux sauvages réunis dans un même lieu l’ont frappée. Prenant conscience de l’impossibilité d’une telle situation dans le réel, être en présence de tous ces animaux vivants, elle décide de travailler sur une réflexion de l’être humain créateur mais aussi destructeur.

Elle a alors entamé une recherche sur l’air et le vent et l’idée est venue de faire bouger le pelage de ces animaux avec de l’air propulsé par des ventilateurs, comme pour leur redonner vie.

Le lien s’est ainsi tissé avec un objet de la vie courante, un objet dépourvu d’humanité, qui produit une pollution extrême s’il n’est pas recyclé : un sac plastique.

La construction d’un personnage attachant et gracieux à partir du façonnage d’un simple sac plastique, pose l’intervention de l’humain, car c’est lui qui fabrique la marionnette, c’est aussi lui qui lui reprend la vie.

L’objet est manipulé par l’air, danse et tourbillonne sur la musique de Claude Debussy, référence incontournable à l’œuvre du compositeur intitulée « L’après-midi d’un faune » elle-même inspirée du poème de Mallarmé portant le même titre.

Ici, le « foehn » comme référence au vent transalpin, dont les effets, selon certaines études scientifiques menées à l’Université de München (Allemagne), peuvent conduire à un surcroît de meurtres et suicides.

Combien de temps vit un sac plastique? Entre la mélasse du pétrole et son utilisation, combien de temps ?

Rien, comparé au temps où il va errer sur la planète.

Libérer ses mains, se tenir debout ou à lenvers, être lobjet de tous les mouvements.

Juste un bruit et la caresse de l’air.                                                                    

Le dispositif de cette performance est celui dune turbine simple permettant de créer un vortex. Les objets façonnés à partir de sacs plastiques évoluent dans lespace réagissant au mouvement de lair contrôlé par la protagoniste.

Là commence sa vraie vie, celle de son autonomie, poche anonyme parmi les poches du monde entier, en route pour une éternité imputrescible !

Et surtout pourvu qu’il y ait du vent pour franchir les obstacles, pour franchir les océans et les montagnes et faire dautres rencontres, et se frotter à de nouvelles vies.

Et si nous aussi, humains, accrochés au sol, nous pouvions nous échapper de la gravitation pour enfin flirter avec le libre arbitre des vents, et nous laisser transporter dans les valses de lair ?

Et si en toute insouciance, nous nourrissions notre soif de défricher des territoires inconnus, de mener des combats incertains pour faire de chacun de nos membres une partie de nous, autonome et incontrôlée.

 

« Laisse les gondoles à Venise ! », installation pour un système de ventilation créant un tourbillon d’air dans lequel vole une marionnette de sac plastique et un parapluie.

Cette installation sans fin ni début, développe un dialogue entre un parapluie ouvert que le vent déplace vers le vortex (l’œil du cyclone) tandis qu’un sac plastique transformé danse dans l’espace. Une fois au centre du vortex le parapluie provoque un trou d’air qui attire la marionnette : la gondole commence à s’envoler…

 

« L’après-midi d’un foehn », cette forme est une chorégraphie pour une marionnettiste et marionnettes, un dispositif de ventilation et quelques accessoires : des sacs plastique, un manteau, une paire de ciseaux, un rouleau d’adhésif, une canne et un parapluie.

Sur les notes de trois œuvres musicales de Claude Debussy : L’après-midi d’un faune, Nocturnes et Dialogue de la Mer et du Vent, une maîtresse de ballet donnent naissance à une chorégraphie de danseuses et danseurs de plastique propulsés dans les courants d’air. Sans avoir à les toucher, ni même les effleurer parfois, les marionnettes semblent à chaque instant plus humaines par la liberté de leurs mouvements, l’air les traversant avec fluidité, tel le flux sanguin. De la manipulation des sacs plastique, de leur évolution et leur transformation se développe un rapport de géniteur à marionnette. Ici se déroule alors l’aventure, nous suivons des rencontres fortuites au grés des phénomènes thermiques, une danseuse étoile naît sous nos yeux, là un pas de deux, ici les feux d’artifices d’un grand corps de ballet, plus loin un monstre….

LES PIÈCES DE L’EAU ET DE LA VAPEUR

 

« Belle d’Hier » (juin 2015) –  forme pour la scène frontale, pour une chambre froide, une trentaine de robes congelées et cinq interprètes « lavandières ».

Sur la scène, un bal figé d’une trentaine de robes congelées en formes humaines, regardant dans une seule et même direction comme guettant l’arrivée imminente du prétendant, du sauveur.

Sous l’effet de la chaleur et du temps, apparaît une chorégraphie de la décomposition de ces robes glacées qui deviennent lentement serpillières gorgées d’eau, perdant toute leur tenue pour laisser apparaître un chaos. Elles ont attendu celui qui n’est pas venu !

Arrivent dans cet espace sans forme, d’une eau suintante et de lambeaux de robes, cinq femmes, cinq « rageuses » venues pour en finir avec le mythe et le battre à la manière des lavandières.

 Je m’attaque à la transformation d’un mythe. Je pose mon regard sur cette phrase transmise de générations en générations : « Un jour, ma fille, tu seras une princesse et tu rencontreras le prince charmant. ». Aussi anodine que puisse paraître cette petite phrase, elle n’en est pas moins l’ébauche du mythe hétéro-patriarcal qui voudrait que la femme soit sauvée de ce monde par l’arrivée de l’homme !

 

« Saison Sèche » – création au festival d’Avignon en 2018.

Avez-vous vu le film « Les maîtres fous » que Jean Rouch a tourné en 1955 au Ghana ?
Dans ce film nous suivons la pratique rituelle d’une secte religieuse, les Hauka. Comme tout rituel, celui-ci est extrêmement codé, les rôles sont distribués et l’ensemble des participants convoque des esprits dont la possession est à la fois belle et terrifiante. D’une force visuelle incroyable, ce film me hante. Là où nous, nous regardons un film, admirons le spectacle, eux convoquent réellement les esprits des colons et semblent certains de pouvoir les influencer. Y sont-ils parvenus ? Peut-être…

Avec Belle d’Hier (création 2015), je demandais à 5 femmes d’en finir avec le mythe du prince charmant et de la princesse en effectuant une ultime lessive, et de ranger l’humanité avant de retourner dans la grotte matricielle… Aujourd’hui avec Saison Sèche, je vous convie à un rituel mettant en scène 7 femmes, à qui je demande de détruire la maison du patriarche. Le pouvoir patriarcal y est symbolisé sous les formes d’un espace fait de quatre murs blancs où l’individu se sait observé sans jamais savoir quand. C’est une prison, une pièce, un volume changeant où sont enfermées ces 7 femmes dont nous racontons l’acte de résistance et de lutte sous la forme d’un parcours initiatique par l’invention d’un corps, d’avatars transgenres. Tout peut nous sembler immuable, et pourtant ici, les danses, les travestissements, les cris, les souffles et les fluides provoquent la naissance d’un trouble…

C’est un acte théâtral, en 5 scènes : un prologue, une soumission, une naissance, un combat, un épilogue. Elles subissent, elles se fédèrent, elles se soutiennent, elles se battent. De cette union à la chute, nous suivons le combat fait de gestes répétitifs, des cris, des douleurs et l’envie d’en finir avec l’assignation, la violence, les humiliations.
Comme tous les rituels, les codes et les symboles ont une grande importance. Les matières, les couleurs, les tenues ne sont pas décoratives mais une nécessité de mêler désirs et dégoûts dans une même temporalité. L’attraction et la répulsion sont les bases de ce théâtre de chair et d’architecture. Les lignes de cet espace blanc et les chorégraphies sont en résonnances de manières géométriques et organiques. La confrontation du charnel contre un immatériel est le vrai sujet. Comment faire pour qu’un pouvoir s’effondre. Une seule certitude, jamais les tenants du pouvoir ne le rendent d’eux même. C’est par la lutte, un combat violent ou contraignant que le pouvoir peut céder. Je n’ai pas cherché à rendre compte d’une solution plausible mais j’ai rêvé, de manière elliptique, d’une bataille convoquant le souvenir d’un sabbat de sorcières, d’une parade parodique et naïve (peut-être pas) de la construction du « mâle » et d’un phénomène tellurique…

Certains, certaines, trouveront ce propos simpliste et l’acte farci de clichés, d’autres invoqueront « la nature » pour réfuter le geste. C’est une fiction où aucun « porc » n’est balancé mais la complaisance pointée. La violence de nos assignations, elle, est réelle et insupportable.

Je vous l’affirme : le patriarcat est une association de malfaiteurs..

Phia Ménard

© Jean-Luc Beaujault - L'après-midi d'un foehn
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« VORTEX », performance pour une interprète recouverte de cinq carapaces de matières plastiques au milieu d’un dispositif de ventilation.

Cet acte pose la question de l’enveloppe et de l’érosion, de notre transformation pour nous résoudre au monde.

Sous combien de couches nous recouvrons-nous pour paraître au monde ?
Qui peut revendiquer son « a-normalité » ?
Qui de la surface ou de la profondeur de l’Etre sommeille en nous ?
Comment échapper à l’emprise des artifices pour laisser paraître ce que nous
sommes ?
J’ai envie de briser les carcans, affronter des « mues » pour tenter
d’effleurer la liberté d’être. Lutter contre une morale de la peur et de la
stigmatisation. Penser l’anormal comme autre chose que douleur et
souffrance.
Dans l’arène de «  Vortex « , les normes n’existent pas ou bien elles sont
volontairement fausses pour ouvrir notre perception du besoin de
s’extraire des tabous, avec le vent comme matière oscillante pour échapper à
l’apesanteur et réveiller «  l’Alien «  dormant, terré sous son uniforme
d’emprunt.

 

« Les Os Noirs » (septembre 2017) est une série de tableaux achromes.

Noir, Gris, Anthracite. C’est la tonalité de ce poème du clair-obscur. Une tentative de mise en forme d’une série de sauts vers une mort, loin du pathos, pour en nourrir la réflexion.

Une interprète pour de multiples histoires personnelles et des matières noires mouvantes surdimensionnées et en mouvement.

© Jean-Luc Beaujault - VORTEX
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LES PIÈCES DE LA SUBLIMATION

 

« Contes Immoraux – Partie 1 : Maison Mère » – création juillet 2017.

Le projet global est né de la commande de la documenta 14, et s’est construit sur la thématique de la manifestation « Apprendre d’Athènes, pour un Parlement des Corps ».  La première partie « Maison Mère » vient d’être créée à la documenta de Kassel, et nous avons fait le choix d’intégrer ces performances au répertoire de la Compagnie. « Maison Mère » sera proposé en tournée à partir de la saison 18/19, et nous cherchons des partenaires pour la production des deux autres parties, dont la création devrait voir le jour entre 2018 et 2019, avec la finalisation à l’échéance de la saison 19/20, d’une forme regroupant les trois performances sur une même soirée.

« Afin que les troupes Alliées contre l’Axe puissent engager leurs troupes sur le sol européen, la stratégie du tapis de bombes fut pour toute l’Europe occidentale un drame humain sans précédent. Des villes entières furent détruites ensevelissant leurs habitants. Mon grand-père maternel fut de ces victimes lors des bombardements de la ville de Nantes en septembre 1943. Dans mon enfance, l’image d’une bombe n’avait pas de réalité dramatique mais comme pour tout enfant, une certaine forme de fantasme. Ce n’est qu’en réalisant bien plus tard que nous n’allions pas honorer une tombe pour mon grand-père mais une fosse commune que je réalisai l’infamie de la bombe. Peut-être est-ce à ce moment-là que mon esprit percuta sur le nom du « plan Marshall » de reconstruction de l’Europe. Organiser une destruction et gérer la reconstruction suivant un modèle de maison pré-fabriquée et d’une réécriture de l’aménagement urbain.

Bâtir un village « Marshall » en carton sur mesure, comme on monte une série de tentes pour des réfugiés. Ici, juste au-dessous d’un nuage qui ne semble pas si menaçant.

Simple geste répété comme un robot. Etaler, tracer, couper, assembler, poser, puis recommencer encore. Tout semble parfait si ce n’est ce nuage qui semble s’épaissir et s’assombrir. Peut-être, un éclair, une légère brise puis enfin une série de grosses gouttes puis une pluie, voire peut-être même des trombes d’eau ! Le village Marshall s’effondre malgré l’énergie déployée pour le sauver. C’est une bouillie, mélasse dans laquelle les corps sont noyés… »

 

 

PROJETS À VENIR

 

« Contes Immoraux – Partie 2 – Temple Père » : 

C’est suite à la visite des ruines de l’Acropole et surtout à la rocambolesque histoire de la programmation avortée de Jan Fabre pour le Festival d’Athènes et d’Epidaure, et de la réaction des artistes grecs que m’est apparue l’idée de ce conte… A la lecture d’un quotidien, une photo nous montrait l’artiste flamand avec en fond le Parthénon, tenant le discours d’un artiste qui allait apprendre aux artistes locaux ce qu’est l’Art dramatique. De ma position d’artiste, j’ai ressenti aussitôt une fraternité avec les artistes grecs à qui l’on renvoyait une nouvelle forme de Troïka. J’imaginai alors l’éminent Fabre en commissaire européen du théâtre déclamant que les créateurs grecs n’étaient « bons » qu’à développer la valeur touristique des ruines et qu’ils ne savaient pas faire du théâtre !!! Si j’étais une artiste grecque, sûr que je n’aurais rêvé que de lui proposer un spectacle des plus dramatiques en dynamitant l’Acropole !

La performance s’articulera autour d’un dispositif mettant en scène un temple réplique en stuc et plâtre fragilisé par une tempête provoquée par des ventilateurs. Ce temple en pleine érosion sous les bourrasques est l’abri d’un homme. Son entêtement : l’empêcher de s’effondrer… 

Phia Ménard – janvier 2017.

Technique : fabrication en stuc et plâtre/système de fabrication de vent/Enveloppe de protection pour le public/ peau en silicone de cross-dresser.

« Contes Immoraux – Partie 3 – La rencontre interdite » : 

Il est un espace où personne n’avait le droit de pénétrer : le cœur du Parthénon, l’antre de la déesse Athéna. C’est la relation à la personnalisation du mythe qui m’inspire. Réveiller une sensation de la rencontre interdite dans un espace où l’on sent une présence que l’on ne peut pas voir. Être dans un espace dont on ne peut définir les limites. C’est l’envie de personnaliser la déesse Athéna sous les formes d’un corps vêtu d’une armure de glace dont on entend les pas et les morceaux de plaques de glace s’entrechoquer. Est-ce de ce corps qu’émane cette brume ? Et si s’en approcher provoquait une réaction orageuse ?

Phia Ménard – janvier 2017.

I.C.E., pour Injonglabilité Complémentaire des Eléments, est un processus de la Compagnie Non Nova.

 

La mise en œuvre de ce projet artistique est possible parce que la Compagnie Non Nova est installée à Nantes dans des locaux adaptés à cette activité.

La Compagnie Non Nova est conventionnée et soutenue par l’État, Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) des Pays de la Loire, la Ville de Nantes et le Conseil Régional des Pays de la Loire. Elle reçoit le soutien du Conseil Départemental de Loire-Atlantique, de l’Institut Français et de la Fondation BNP Paribas.

 

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